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Tribune : “Quand la gestion publique en Guinée, devient un show à l’italienne” (Par Facely Sanoh)

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La Guinée, un pays où la gestion publique a parfois l’air d’une performance artistique aussi surprenante que déconcertante. Depuis l'arrivée de la refondation, l’espoir était grand. Nous pensions que le vent du changement allait souffler sur les institutions publiques, que la gestion transparente allait remplacer les pratiques douteuses et que les fonds publics seraient enfin protégés comme un trésor national. Mais, à en juger par les derniers rebondissements, il semble que ce vent ait surtout apporté un grand tourbillon de confusion.

Prenons l’affaire des 700 milliards de francs guinéens, une somme colossale disparue à la douane . Oui, vous avez bien lu : “700 milliards”! C’est une somme qui ferait pâlir n’importe quel économiste, et pourtant, elle a disparu dans les méandres des finances publiques comme un mirage. On pourrait presque croire qu’on est dans un film d’action où l’argent disparaît aussi vite qu’une voiture de course, mais non. Ce n’est malheureusement pas du cinéma, c’est la réalité. Un véritable gâchis ! À ce stade, même David Copperfield, le magicien célèbre, pourrait se poser des questions. Comment diable des “douaniers”, censés protéger l’entrée des biens dans le pays, se retrouvent-ils à faire disparaître des sommes aussi colossales sans que personne ne remarque rien ? Peut-être que la refondation aurait dû inclure un module sur "La transparence des finances publiques “, une compétence qui, visiblement, manque cruellement à nos institutions.

Mais ce n’est pas tout, car l’histoire prend encore une autre tournure. Après les milliards disparus, voici le grand limogeage de Mandian Sidibé, le directeur général de l’Office Guinéen de Publicité (OGP). Le président de la transition, dans un élan de justice implacable, a décidé de mettre un terme à sa gestion à la tête de l’OGP. Pourquoi ? Mauvaise gestion, bien sûr. Ah, la mauvaise gestion, ce terme si pratique qui permet d’expliquer à peu près tout, mais qui, dans ce cas précis, semble désigner une gestion des fonds publics qui pourrait faire rougir n’importe quel comptable. Mandian Sidibé, à la tête de l’OGP, semble avoir pris l’institution pour un fonds personnel , puisant dans la caisse comme dans un portefeuille privé. Au lieu de promouvoir l’image de la Guinée, l’OGP a plutôt agi comme un distributeur automatique de billets pour quelques privilégiés. Résultat : un limogeage tardif, mais nécessaire. La transition, toujours soucieuse de redonner des gages de bonne gouvernance, a donc opté pour un changement à la tête de l’OGP. Mais cette décision, aussi salutaire soit-elle, ne règle pas le problème de fond : la mauvaise gestion semble être un mal plus profond, ancré dans le système lui-même.

Heureusement, dans cette grande farce de la gestion publique en Guinée, il y a la CRIEF , la Cour des Répressions des Infractions Économiques. Voilà qui pourrait bien être notre lueur d’espoir dans ce chaos financier. Peut-être que la CRIEF saura enfin nous éclairer sur ces 700 milliards disparus, ou sur la manière dont l’OGP a été transformé en guichet automatique pour certains. Après tout, la mission de la CRIEF est de lutter contre les infractions économiques. 

Mais, soyons honnêtes, la CRIEF ne fonctionne pas toujours aussi vite qu’on le souhaiterait. Si la lenteur des enquêtes économiques en Guinée était une discipline olympique, on serait sûrement sur le podium. Mais bon, on garde espoir. Peut-être qu’un jour, dans un futur proche ou lointain, la  vérité éclatera.

En attendant, nous, citoyens guinéens, on se contente de regarder ce feuilleton avec un mélange de scepticisme et de résignation. Entre les milliards qui disparaissent dans des mystères financiers, les limogeages à répétition, et une refondation qui ressemble à un rêve sans fin, il ne nous reste plus qu’une chose à faire : rire pour ne pas pleurer. Parce qu’en Guinée, même quand l’argent s’évapore et que les responsables sont limogés, au moins on peut encore garder un peu de sourire. Et si la CRIEF parvient un jour à résoudre ce grand mystère des 700 milliards, ce sera la cerise sur le gâteau… ou peut-être la disparition du gâteau tout entier. Mais, qui sait, l’espoir fait vivre !

Facely enquêteur Sanoh,  Journaliste éditorialiste !


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